Le séminaire du 9 décembre s’inscrivait dans le programme de recherche québéco-français Autres archives, autres histoires : les archives d’en bas au Québec et en France qui étudie les modalités d’émergence et d’animation de projets d’archivage alternatifs. La ville de Québec a lancé un programme « pièces manquantes », pour solliciter des associations qui souhaiteraient lui confier leurs archives. Sous la direction d’Annaëlle Winand, les étudiants de l’Université Laval ont mené des entretiens avec les associations qui ont répondu à l’appel. Ce travail demandait de se familiariser avec les archives d’organismes culturels et communautaires et de monter un projet d’acquisition de ces archives par la ville de Québec en analysant comment elles pouvaient entrer dans la politique d’acquisition de cette dernière.
Mireille Poisson a étudié le centre des femmes de Basse-Ville. Ce centre exclusivement féminin trouve son origine dans l’essor du milieu communautaire québécois des années 1970 et les célébrations pour l’année internationale de la femme en 1975. Des travailleuses sociales animant des groupes de femmes mettent en place le centre en 1982 pour créer un espace de parole réservé aux femmes, et leur laissent progressivement la gestion du centre. Le centre travaille à l’amélioration des conditions de vie des femmes, au niveau individuel et collectif. Il revendique des valeurs d’autonomie, d’égalité, de solidarité, de respect, de justice et d’accueil. Le centre conserve un vaste fonds d’archives, issu de l’accumulation de documents produits et reçus dans le cadre de son activité. La classification établie dans les années 2000 perdure mais seule une série continue d’être alimentée. Une militante spécialisée en ethnologie se charge du tri et de la numérisation partielle des documents. Les archives des comités consultatifs et autres espaces de dialogue y occupent une place importante.
Documents et séries d’intérêts au centre des femmes de Basse-Ville (Mireille Poisson)
Catherine Girard s’est intéressée quant à elle au Groupe de recherche en intervention sociale (GRIS) à Québec, qui se charge de «promouvoir une vision positive des personnes de la diversité sexuelle et de la pluralité des genres par l’éducation, la formation, la sensibilisation et le soutien ». Le groupe met en avant ses valeurs d’ouverture, d’écoute, de bienveillance et d’expertise. Le comité d’intervention sociale créé par le groupe Lambda en 1987 devient GRIS en 1994 et lance sa première initiative régionale GRIS-Québec en 1997. L’association conserve très peu de papier (0,5 ml) mais dispose d’un cloud et d’un groupe Facebook. Elle conserve des affiches, des œuvres d’art composées pour elle, et dispose d’un plan de classification numérique. GRIS est constitué de plusieurs secteurs dans différentes villes, ce qui pose la question du lieu d’archivage adéquat : faut-il archiver de manière distincte GRIS-Québec ? Catherine Girard souligne l’intérêt pour la ville de collecter ce fonds d’archives, pour sa valeur de témoignage, de complémentarité, de recherche et d’information.
Intérêt du fonds du GRIS pour les archives de la ville de Québec (Catherine Girard)
Nancy Ngrouma a étudié la Société française de Québec, une association à but non lucratif fondée en 1875 sous le nom de Société française de bienfaisance pour regrouper les Français et amis des Français, mener des actions de philanthropie, aider les Français à s’intégrer à Québec et entourer les personnes âgées et malades. Bien qu’ancienne, la SFQ a perdu un siècle d’archives. Les documents les plus anciens qui ont été conservés remontent à 1967, date à laquelle la prise de conscience de l’absence de traces a entraîné la mise en place de pratiques de conservation. L’association conserve une quarantaine de classeurs, et l’acquisition des archives par la ville de Québec pourrait permettre à cette dernière de documenter l’histoire locale et les pratiques culturelles.
Enfin, Jean-Samuel Bisson a enquêté sur l’Union des Africains du Québec et amis solidaires de l’Afrique (UAQASA). Il s’agit d’un organisme à but non lucratif fondé en 2016 par Ali Dahan, homme politique local et ancien diplomate de Djibouti. L’association s’est constituée pour demander la création d’un parc Nelson Mandela à Québec et promeut des valeurs de justice sociale, de paix, de défense des droits humains et d’inclusion. Elle organise des conférences et autres activités d’échanges, participe à des expositions. L’UAQASA conserve surtout des photographies (2 000 photographies numériques), des affiches, des vidéos de soutien, des enregistrements de visioconférences, un document présentant la mission et les objectifs de l’association et de la correspondance.
Intérêt des archives de l’UAQASA pour les archives de la ville de Québec (Jean-Samuel Bisson)
Elle répondrait aux objectifs d’acquisition de la ville de Québec car elle complète la mémoire institutionnelle, permet de témoigner de l’histoire de la ville et des préoccupations sociales comme le racisme. Entremêlant les archives de l’association et celles de son fondateur, le fonds est toutefois difficile à circonscrire.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Alma (17 décembre 2022). Archives de communautés, d’histoire et de mémoire des organismes communautaires et culturels à Québec. Échanges autour d’une enquête en cours. ALMA. Consulté le 23 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/ayzw
Archiviste également nous avons eu quelques soucis de conservation de certaines de nos photographies et cartes postales que nous stockions dans des boîtes d’archives pourtant censées être en ph neutre. Nous les avons transférées vers des boîtes fabriquées en France (les autres étaient conçues en Pologne). Ce sont des boîtes conçues spécialement pour l’archivage longue durée des photos. Le fabricant s’apelle SPECICLASS : https://www.speciclass.com/6-conservation-photos-et-cartes-postales