par Gabriel Lancelin, étudiant en master 1 Archives
Professeur d’archivistique à l’Université d’Angers, Patrice Marcilloux a conclu la XXIe Journée d’archivistique d’Angers le 10 février 2023 en tenant d’abord à présenter des remerciements : aux intervenants de cette journée, dont la diversité des points de vue exprimés a confirmé le caractère interdisciplinaire de cette manifestation, aux partenaires dont le soutien continu est essentiel à son bon déroulement, et aux étudiants de M2 qui, engagés depuis plusieurs mois dans son organisation, ont su faire preuve d’une grande autonomie et efficacité.
Il a ensuite détaillé les idées fortes qu’il avait retenues des interventions, les réflexions qu’elles avaient suscitées, et les échos avec les recherches du séminaire ALMA. Premièrement les objets sont bien une question importante pour les archivistes. Elle a toujours été présente dans la profession, mais d’abord comme un élément pittoresque, fruit d’initiatives personnelles. Les réponses reçues par l’enquête des étudiants de Master 2 prouvent cet intérêt, au point que l’on puisse parler d’un « moment-objet », qui alimente les réflexions sur d’autres sujets débattus dans la profession. P. Marcilloux a néanmoins souligné qu’une question restait absente de cette journée, celle du terme de « document », dont l’emploi est usuel en archives mais sans que l’on ne cite les réflexions et les débats qui l’entourent.
Ensuite, ces objets interrogent les périmètres professionnels, un élément essentiel dans la formation des identités professionnelles du patrimoine. Le 3e axe de la journée portant sur la collaboration de ces métiers autour des objets l’a confirmé, en montrant les obstacles qu’elle rencontrait. Cette question est importante pour la professionnalité des archives qui, bien que très normée, se caractérise par l’interrogation permanente de son périmètre d’action.
Il était d’ailleurs surprenant de voir que le principe du respect des fonds que les archivistes avancent pour conserver les objets dans leur versement d’origine, soit revendiqué par d’autres professions comme les archéologues, pour garder les documents accompagnant leur mobilier.
P. Marcilloux a rappelé l’importance de penser aux usages – artistique, historique – que les publics font de ces objets et suggéra que s’ils étaient restés aussi secondaires dans le débat archivistique français, cela était dû au fait que la perception des archives comme une source pour les historiens les avait marginalisés.
Concernant la professionnalité des archivistes, cette journée a révélé l’intérêt du regard archivistique sur les objets qui, loin de servir de « salon des refusés » à ceux rejetés par les musées, est plus attentif à leur contexte qu’à leur esthétique et est tout aussi légitime et complémentaire de ceux des musées et des bibliothèques.
Enfin il a conclu que ce « moment-objet », moment de tensions au vu du souhait des archivistes d’avoir une réponse normative à leurs interrogations, était enrichissant car il les incitait à innover pour y répondre, ce qui illustrait bien la singularité de leur professionnalité.
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En savoir plus sur l’intervenant
Archiviste-paléographe, conservateur du patrimoine de 1993 à 2013, Patrice Marcilloux est enseignant-chercheur en archivistique à l’université d’Angers. Il y a assumé la responsabilité pédagogique d’une licence professionnelle en archivistique pendant 18 ans. Membre du laboratoire TEMOS (Temps, mondes, sociétés, UMR CNRS 9016), directeur de l’école doctorale 604 STT (Sociétés, temps, territoires) de 2017 à 2022, ses sujets de recherche actuels portent sur les formes nouvelles de la demande sociale d’archives. Il a notamment publié Les ego-archives, traces documentaires et recherche de soi (Presses universitaires de Rennes, 2013).
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
ALMA (1 avril 2025). Conclusions de la XXIe Journée d’archivistique d’Angers, par Patrice Marcilloux. ALMA. Consulté le 25 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13lws