Par Léa Kruczynski-Lalain et Louise Mestre, étudiantes en master 1 Archives
Laurent Ducol, directeur de Saint-Gobain Archives, est intervenu au cours de la XXIe journée d’archivistique d’Angers pour présenter l’objet comme archives dans un contexte d’industrie. Pour cela, il s’appuie sur son expérience à la tête des archives du groupe quadri-centenaire qu’il dirige depuis 2013. Saint-Gobain, entreprise française, « conçoit, produit et distribue des matériaux et des solutions au service des marchés de la construction, de la mobilité, de la santé et autres applications industrielles », dans 77 pays.
Après avoir évoqué les activités de l’entreprise et son histoire, Laurent Ducol a expliqué l’évolution du service d’archives qui a petit à petit acquis une politique et des outils de gestion des archives, une professionnalisation du personnel et des locaux adaptés. En 1979, le groupe Saint-Gobain s’est doté d’un centre d’archives situé à Blois, inauguré par Maurice Hamon1, dédié à la collecte, la conservation2 et la valorisation des archives et du patrimoine du groupe et des filiales en France depuis sa création en 1665. Le service, qui fêtera ses 50 ans en 2024, est chargé de toutes les étapes de l’archivage du conseil en organisation au sort final des documents d’archives. Les entreprises associées au groupe sont intégrées dans cette politique d’archivage par le contrat qui les lie à Saint-Gobain.
Ce service est multi-supports, avec des collections d’une grande richesse, comprenant papiers, objets, échantillons et œuvres d’art3, et plus récemment l’électronique. Le SAE, Darwin, permet d’archiver documents numériques natifs de manière raisonnée4. L’entreprise industrielle se trouve dans « un monde matériel » où l’objet est au cœur du processus d’archivage. Laurent Ducol évoque ainsi les principales utilisations des objets-archives au travers de cas pratiques.
Les objets sont principalement utilisés pour la valeur de preuve qu’ils incarnent. Par exemple, avec plus de 10 mille brevets sur l’ensemble du groupe, les documenter (dessin, modèle, etc.) a une réelle importance pour en maintenir la propriété. La patrimonialisation de ces objets, est aujourd’hui en plein essor grâce à la valorisation de la grande variété de supports5 et de typologies de documents retraçant l’histoire du groupe. Cette collection s’est constituée par des collectes ponctuelles ou des dons, lors de visites, fermetures, transferts, déménagements de site, etc. Des réseaux associatifs se dynamisent ainsi autour de ces sites (en activité comme Aniche, ou fermé comme Fumel) et peuvent être source de réconciliation avec le groupe. Ainsi, la patrimonialisation de ces objets permet la construction d’une mémoire commune et d’une culture d’entreprise.
Enfin, le processus de collecte se perfectionne encore à l’aide d’un document-clé, le référentiel de conservation des archives du groupe6. Entre valeur probante et valorisation, l’objet-archive a une place toute légitime et évidente à Saint-Gobain.
Retrouvez l’intervention en vidéo
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1 En établissant un premier bilan de la démarche lancée en 1974, Maurice Hamon rappelait dix ans plus tard qu’« un ensemble comme [le centre d’archives] de Blois n’a pas été construit pour faire de l’Histoire » mais « s’explique essentiellement comme un acte de rationalisation administrative et de gestion » ASG, CSG 00066/39, Note de Roger Martin sur la création du Service d’Archives et le recrutement de Maurice Hamon, 2 avril 1974 ».
2 77 kml d’archives.
3 1000 tableaux, dessins et gravures, sculptures, vitraux, pièces de mobilier, etc.
4 L’équipe en charge de ce SAE est au siège social de Saint-Gobain à la Défense. Darwin “s’occupe” des archives numériques natives de toutes les entreprises dans le monde.
5 Bois, verre et ses déclinaisons, fonte, papier, carton, métal.
6 Mis à jour en décembre 2022.