Les archives dans la guerre en Ukraine

Depuis 2014, l’Ukraine subit l’occupation d’une partie de son territoire, et la guerre s’est intensifiée avec l’offensive russe du 24 février 2022 à partir de laquelle le pays entier vit sous les bombardements. Au milieu de ce conflit meurtrier, se retrouve un patrimoine ukrainien progressivement dévasté et saccagé par l’armée russe. L’invasion rapide et les bombardements constants freinent la protection de ce patrimoine ou, dans le cas des archives par exemple, leur évacuation. Cette volonté de détruire et de faire disparaître l’autre ravive l’intérêt pour les archives, gardiennes de l’histoire et de la mémoire, témoignage de la diversité des territoires et des populations. À l’aide de plans d’urgence et grâce à la solidarité, les institutions historiques, archivistiques et muséales du pays se mobilisent avec de nombreux bénévoles afin de conserver les archives d’un pays occupé et en guerre. 

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La déclassification des archives de l’assassinat de Kennedy

John Fitzgerald Kennedy, trente-cinquième président des États-Unis, a été assassiné par Lee Harvey Oswald le 22 novembre 1963 à Dallas. Depuis plus de soixante ans, des théories du complot circulent autour de cet assassinat et sur la potentielle implication d’autres acteurs, y compris les services de renseignement tels que le Federal bureau of investigation (FBI) et la Central Intelligence Agency (CIA). Le 26 octobre 1992, le Congrès promulguait une loi pour accélérer la divulgation des documents relatifs à l’assassinat de John F. Kennedy. Considérant l’intérêt public de ces documents et le fait qu’ils avaient près de 30 ans, cette loi demandait à la National Archives and Records Administration (NARA), les Archives nationales des Etats-Unis, de créer une collection d’archives liées à l’assassinat, faite de copies pour respecter leur intégrité et leur provenance. Chaque agence ou organe gouvernemental devait donc transférer ces archives sans élimination possible afin qu’elles soient conservées aux Archives nationales dans le Maryland. Un peu plus de 300 000 documents y sont conservés. La collection créée comprend des archives des commissions mises en place après l’assassinat par les pouvoirs exécutifs et législatifs, des archives des agences et départements d’État et même des documents produits par la NARA sur le traitement de cette collection. Continuer la lecture de La déclassification des archives de l’assassinat de Kennedy

Les archives du régime de Bachar al-Assad, une nouvelle archivistique pour les droits humains?

Contexte : le régime Assad

Le 8 décembre 2024 marque la chute du régime Assad installé en Syrie depuis 1971. Le régime de la famille Assad était criminel, et ses violations du droit international sont nombreuses et avérées, comme en témoigne le rapport “César” relatif à la torture et à l’exécution de masse de détenus par le régime syrien (2014)[1]. Par exemple, la répression des soulèvements des années 1980-1982 fait jusqu’à 30 000 morts. En mars 2011, le Printemps Arabe touche la Syrie. Bachar Al-Assad s’accroche au pouvoir et la révolution populaire débouche sur une guerre civile, qui se termine à la fin 2024 avec la chute du régime et l’accession au pouvoir de Ahmed al-Charaa[2]. Pendant la guerre, la répression a été féroce, mais la documentation de cette dernière, massive, a transformé la captation de l’information, son archivage et sa diffusion en un acte militant et citoyen.

Portraits de Bachar al-Assad. Crédits : james_gordon_losangeles, licence : CC_BY_NC_2.0

La bataille mémorielle : Displaced Archives et contre-archives

Sur le front syrien, les archives ont été mobilisées à la fois par le pouvoir, ses opposants, et la communauté des syriens exilés afin de construire un nouveau récit. En particulier, les opposants au régime ont pu cultiver une pratique de l’archivistique novatrice, entre archives militantes et archives judiciaires, mobilisée dans une compétition rude des mémoires. Continuer la lecture de Les archives du régime de Bachar al-Assad, une nouvelle archivistique pour les droits humains?

Les archives palestiniennes à l’épreuve du conflit : enjeux de conservation et de transmission 

Dans les conflits armés, la préservation des archives est capitale, tant celles-ci constituent des traces irremplaçables de l’histoire et de l’identité d’un peuple. Dans le conflit israélo-palestinien, la destruction des archives palestiniennes représente un effacement de la mémoire et incite à réfléchir aux questions de transmission et de construction de l’identité palestinienne. Dès lors, quelles stratégies ont été mises en place pour préserver les archives ? Continuer la lecture de Les archives palestiniennes à l’épreuve du conflit : enjeux de conservation et de transmission 

Accusations de censure aux Archives nationales des États-Unis : place et rôle de l’archiviste dans la société nord-américaine

Les Archives nationales des États-Unis (National archives and records administration) sont l’un des services d’archives les plus observés dans le monde. Comme l’indiquait Meg Phillips lors d’une conférence donnée à l’université d’Angers, leur mission est de « favoriser l’ouverture, cultiver la participation du public et renforcer la démocratie de [la] nation grâce à un accès équitable aux documents gouvernementaux de grande valeur ». Cette agence indépendante du gouvernement fédéral, normalement transpartisane, occupe plus fortement l’actualité américaine depuis la fin du premier mandat de Donald Trump. En effet, le président avait été accusé de ne pas avoir remis l’ensemble de ses archives aux Archives nationales comme le veut le Presidential Records Act de 1978, et de conserver en plus des documents classifiés dans sa résidence en Floride. L’archiviste des États-Unis David Ferriero avait alors alerté le Justice Departement[1] et Donald Trump avait été inculpé en 2023. L’affaire avait finalement été classée à la suite de sa réélection à la tête du pays en novembre 2024.   

En octobre dernier, l’archiviste des États-Unis qui a succédé à David Ferriero, Colleen Shogan, a fait l’objet de critiques relayées par le Wall Street Journal l’accusant de censurer des passages de l’histoire américaine dans le cadre de la refonte du musée des Archives nationales (un million de visiteurs par an), notamment sur le déplacement de peuples indigènes et la ségrégation. Colleen Shogan a été nommée Archivist of the United States (AOTUS) en mai 2023 par le président Joe Biden. Contrairement à son prédécesseur, sa formation est éloignée du monde des archives et des bibliothèques : elle possède un master en sciences politiques (Boston College) et un doctorat en philosophie (Université de Yale). Sa nomination a d’abord été contestée par la Commission sur la Sécurité intérieure et les Affaires gouvernementales du Sénat des États-Unis, puis acceptée le 15 mars 2023[2]. Elle a en effet suscité l’opposition des sénateurs républicains, dans le contexte très politique du scandale de la découverte d’archives présidentielles au domicile de Donald Trump, au moment où les Archives nationales étaient désignées par le camp républicain comme une organisation démocrate et subissaient une campagne de cyberharcèlement. Continuer la lecture de Accusations de censure aux Archives nationales des États-Unis : place et rôle de l’archiviste dans la société nord-américaine

Le potentiel des archives numériques dans l’éducation aux catastrophes : le cas des archives numériques des catastrophes du Japon et de leurs fonctions de géolocalisation

“Futaba, Tomioka, Namie, Minami-Sôma, Itate-mura… retenez ces noms, avant de les oublier définitivement, des villes au nom vide où ne résonne plus que le souvenir de l’absence : ce sont les nouvelles villes fantômes du Japon”[1]. Dans cette citation, l’écrivain Michaël Ferrier marque sa peur de voir cette mémoire disparaître avec la catastrophe. Pour pallier cela, les chercheurs de l’Institut d’études japonaises Reischauer de l’Université d’Harvard ont créé le site Japan disasters digital archive (JDA), un “espace de collaboration évolutif pour les citoyens, les chercheurs, les étudiants et les décideurs politiques, ainsi qu’un site de mémoire partagée pour les personnes les plus directement touchées par ces évènements”[2].

L’article présenté ici, extrait de la revue International Journal of Disaster Risk Reduction, est intitulé “Le potentiel des archives numériques des catastrophes dans l’éducation aux catastrophes : le cas des archives numériques du Japon (Japan Disasters Digital Archive) et de leurs fonctions de géolocalisation”. Rédigé par des auteurs de l’Institut international de recherche sur les sciences des catastrophes (IRIDeS) à Tohoku, en collaboration avec des professeurs américains, il rend compte de l’étude réalisée par les chercheurs sur cette plateforme numérique.

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